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Préserver la tranquillité hivernale du grand tétras

Grand Tétras.© C.Cuenin.

T’as passé ta journée dehors, dans le froid hivernal, et au moment où tu te glisses sous la couette … ton voisin vient sonner à ta porte. Là, t’as pas de mots pour exprimer ta frustration. Enfin, t’en aurais bien quelques-uns mais ça mettrait irrévocablement fin à tes rapports de bon voisinage. Mets-toi alors à la place d’un grand tétras qui niche tranquillement au cours de la période hivernale et va brusquement être dérangé par l’irruption d’individus sur son territoire. Contrairement à toi, qui peux convaincre ton voisin de l’inopportunité de sa visite, le grand tétras n’aura d’autre solution que de se mettre en danger. Je t’explique pourquoi.

La période hivernale fragilise le grand tétras

Dans les Pyrénées, un programme de suivi et de préservation du grand tétras est mis en place par l’Observatoire des Galliformes de Montagne. Sur le terrain, il est assuré par les gardes-moniteurs du Parc national des Pyrénées. Ce programme a contribué à stabiliser à 3000 le nombre de grands tétras dans nos montagnes pyrénéennes françaises. Il n’en demeure pas moins indispensable de rester vigilant. Au cours de la période hivernale, le coq de bruyère se nourrit principalement d’aiguilles de pins et de sapins. Cette alimentation, très peu calorique, le fragilise. Fervent défenseur de son territoire, la moindre intrusion humaine l’oblige à réagir et à dépenser le peu d’énergie dont il dispose.

Quiétude hivernale du coq : une question de survie

Des observations effectuées par les gardes-moniteurs permettent d’évaluer les conséquences des dérangements humains sur la santé du grand tétras. Peu enclin à voler, lorsqu’il quitte son nid pour signaler sa présence, le grand tétras regagne le plus souvent son habitat hivernal en marchant. Il s’expose alors à trois dangers : dépenser le peu d’énergie qui lui reste, être contaminé par des parasites qui se fixent sur ses ailes et finissent par le rendre malade et s’exposer à ses prédateurs naturels. Dans les trois cas, sa vie est menacée. De plus, comme pour tout animal sauvage, la fréquentation répétée avec l’être humain peut avoir un effet pervers.

Les syndromes du « coq fou » et de la « femelle molle »

Certains coqs de bruyère, finissent par adopter d’étranges comportements. En réaction aux intrusions sur leur territoire, certains mâles, atteint du syndrome dit du « coq fou », agressent tous ceux qui s’aventurent sur leur territoire. A contrario, les femelles, atteintes du syndrome dit de la « femelle molle » adoptent un comportement étonnant. elles se figent en position de soumission. Ces comportements déviants attestent de la nécessité de limiter l’impact humain sur leur environnement. Passée la période de reproduction et du pic hormonal associé, certains coqs dits « fous » retrouvent un comportement normal. D’où l’intérêt de les préserver de tout dérangement supplémentaire.

Actions de prévention et de sensibilisation auprès du public

Afin de limiter cette promiscuité entre l’homme et le grand tétras, les gardes-moniteurs effectuent un travail de sensibilisation auprès des guides, accompagnateurs montagne, Club Alpin Français, Gardiens de refuges. De par leur activité, ils sont des vecteurs d’informations auprès des skieurs de randonnée et des randonneurs. Des panneaux d’information, positionnés à des points stratégiques, informent le public sur la réglementation en cœur de Parc et dans la réserve naturelle du Néouvielle. Sur ces panneaux figurent notamment des zones de quiétude. Le développement du ski de randonnée et des raquettes a aussi incité les gardes-moniteurs à conseiller des itinéraires aux pratiquants (en fonction des conditions climatiques et des risques d’avalanches). Enfin, la réglementation mise en place favorise la préservation de l’espèce.

Actions menées auprès des professionnels de la montagne

Les agents du Parc collaborent également avec les exploitants forestiers et les sociétés d’héliportage. L’objectif est de limiter l’impact de leurs activités sur certaines parties du territoire. Ils préconisent aux gestionnaires des stations de sports d’hiver l’installation de dispositifs de visualisation sur les câbles des remontées mécaniques. L’aménagement de nouveaux refuges, qui induit une augmentation de la fréquentation, fait aussi l’objet de concertations. Toutes ces actions participent à la sauvegarde du grand tétras, animal emblématique de nos Pyrénées.

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