
Dimanche matin, huit heures, je n’ai plus sommeil. J’ouvre les volets : le ciel de Saint-Lary est bouché. Même Soulan est invisible, caché derrière la bruine.
Que faire ? M’installer confortablement dans le canapé pour regarder le jour du seigneur et turbo… ou enfiler les chaussures, le coupe-vent et partir à la découverte de cette montagne sans horizon ?
Sans hésitation, je décide d’aller redécouvrir un secteur que je connais bien et dont les chemins sont « lisibles » afin d’espérer rentrer sans faire fausse route (dans ces conditions météo, ne partez pas à l’aventure en montagne sans connaître parfaitement les lieux, ou sans faire appel à un professionnel !).
Bien emmitouflé, j’emprunte le sentier avec l’espoir de croiser la route d’un isard, voire même du grand tetras (on m’a dit qu’il était possible de l’observer dans les parages). Après quelques mètres, entre les traces de retournement de la prairie par des sangliers, je dois faire attention à chaque pas : s’il est une espèce qui n’est pas en voie de disparition, c’est bien l’ « arion lusitanicus », que l’on nomme communément la… grosse limace noire (quelques mots latins, ça fait son effet, non ?).
La visibilité n’est pas si réduite (environ cinquante mètres), et la récompense ne se fait pas attendre : un isard (ou un chevreuil ?) solitaire surgit de la droite du chemin, stoppe sa course un instant (je fais de même et j’arrête de respirer), me regarde et bondit silencieusement entre les sapins en contrebas. Magique !
D’un pas lent et le plus discret possible, j’avance tranquillement en gardant l’œil et l’oreille attentifs à tout nouveau signe de dame nature. Je ne fais pas d’autre rencontre animale, et je me focalise alors sur la flore, malgré ma piètre culture botanique : le printemps offre une jolie diversité de couleurs.
Mais le temps passe vite puisque j’atteins le ruisseau, objectif que je m’étais fixé et près duquel je m’arrête afin d’observer en lisière de la sapinière un improbable grand tétras… Sans réussite.
Pourtant, dès les premiers mètres de la descente, un craquement m’arrête : un chevreuil est en train de manger quelques dizaines de mètres plus bas.
Tout en faisant mine de continuer à paître tranquillement, il se rapproche doucement de la lisière puis s’y engouffre. Visiblement il m’avait remarqué malgré mes efforts pour l’observer sans le déranger.
Je reprends le chemin du retour et croise des merles à plastron, reconnaissables à leur gorge blanche. Ce seront mes derniers compagnons de route.
La montagne offre certes de grands paysages par beau temps, mais c’est aussi une invitation à découvrir une ambiance feutrée et une nature différente, en « huis-clos », lorsque les nuages y créent le mystère. Les bruits, les parfums, les détails prennent alors une autre valeur, où peut se focaliser l’intérêt du promeneur.
Cette petite promenade dominicale était improvisée, mais je suis prêt à tenter cette expérience en compagnie d’un accompagnateur, qui aurait su répondre aux nombreuses questions que mes observations m’ont amené à me poser. Ce n’est que partie remise…
Je n’ai pas de mot pour ces photos! ce paysage dans le brouillard, ça fait carte postale de même que cette cascade d’eau. Article toujours très poétique tu nous emmène en balade on ferme les yeux on se laisse guider. Merci!!
C’est toujours un plaisir de se balader dans ces montagnes, quelles que soient les conditions météo 🙂