
Lorsque, dans un moment d’intense émotion de fin de soirée, j’ai stupidement lancé « Demain, je me tape le Col du Portet à vélo », j’aurais dû me douter que c’était pas une bonne idée. Surtout lorsque ma compagne m’a défié, dans un sourire, d’un « T’es pas cap » tout en s’engageant à m’accompagner en vélo électrique. C’est là où j’aurais dû prendre conscience que, passé un certain âge, jouer au jeu du « cap ou pas cap » peut être puéril, voire suicidaire.
- Départ de la montée du village de Vignec
- Dénivelé et kilomètres de l’intégralité de la montée au Col du Portet
- La plaque en hommage à Ramond Poulidor
- Le virage « Poulidor »
De courage tu auras besoin
Soyons clair d’entrée ! Soit t’as déjà mille kilomètres de vélo dans les pattes et tu vas simplement souffrir soit … tu vas pleurer. La montée du Col du Portet, c’est 16 kilomètres avec un dénivelé moyen de 8,7 %. Rien qu’en regardant le panneau au départ du village de Vignec, tu transpires et t’es pas loin de la poussée d’acné. Te laisse pas impressionner. Fais-toi juste à l’idée que tu vas monter très petit plateau et très grand pignon. Prévois quelques gels énergétiques et remplis ton bidon d’eau. Signe-toi si t’es croyant et lance-toi dans la première rampe, jusqu’au virage « Poulidor ».T’emballe pas. A partir de là, tu seras déjà chaud. Petit détail essentiel : ne te laisse pas intimider par le fait que ta compagne, en vélo électrique, admirera ton effort avec ce petit sourire qui te donnera inévitablement envie de la maudire.
- La fontaine du village de Soulan
- Rare moment de récupération à la sortie de Soulan
- Le kilomètre interminable
Premier objectif : le village de Soulan
Le profil des cinq premiers kilomètres, c’est entre 9 et 10 %. Ton premier objectif est d’arriver au village de Soulan sans éprouver la sensation d’être constamment en apnée. Tu peux zigzaguer une ou deux fois sur la route pour te détendre les jambes dans les pentes les plus raides et profite du peu de lucidité qui te reste pour admirer le paysage. Ne t’étonne surtout pas que ton compteur t’indique que tu progresses entre 7 et 8 km/h et n’oublie pas de chaleureusement saluer tous les cyclistes qui vont te déposer en t’adressant un sourire de compassion. Quant à celle qui n’arrête pas de te demander « Comment tu te sens ? », pense à tous ces moments heureux que vous avez déjà partagés. Arrivé au village de Soulan, n’oublie surtout pas de remplir ton bidon à la fontaine. C’est le dernier point d’eau jusqu’au Col.
- Dénivelé et kilomètres pour atteindre le sommet du Col
- Départ de la montée vers le Col du Portet
Deuxième objectif : le départ vers le Col du Portet
Profite du petit replat à la sortie de Soulan pour mouliner un peu. Ça te remontera le moral et t’évitera de penser au kilomètre à 10 % qui t’attend. Celui-là à la particularité de sembler interminable. C’est certainement le moment où tu vas demander à ta compagne de partir devant. Sinon, tu risques stupidement d’oublier « tous ces moments heureux que vous avez partagés ». Dis-toi qu’après ce kilomètre, t’as encore le choix. Arrivé au carrefour, tu peux dignement renoncer en te contentant de prendre à gauche et d’arriver au Pla d’Adet sinon … c’est à droite. Une fois que tu seras au pied du panneau qui t’indique qu’il ne te reste plus que 8 kilomètres à 8,6 % de moyenne, prétexte d’immortaliser ton exploit en faisant un selfie avec celle avec qui tu t’es finalement réconcilié pour savourer une pause bien méritée.
- Zone Pastorale
- Le tunnel, refuge des moutons et des vaches
- L’arrivée au Col du Portet
Dernier objectif : finir coûte que coûte
Le piège en débutant cette montée vers le Col du Portet est de croire que t’as fait le plus dur. C’est oublié que t’as déjà quelques kilomètres de montée dans les jambes. Tous ceux qui restent vont progressivement te paraître … extrêmement longs. C’est là où tu dois te régaler du paysage … et penser à la descente. Ce moment où ta compagne, peu à l’aise dans cette exercice et avec un vélo pesant une tonne, va soudainement perdre ce petit sourire insupportable. J’vais pas te mentir, c’est là où j’en ai le plus bavé. T’as l’impression d’avoir moins de pente mais t’as plus assez de force dans les jambes pour accélérer. Joue là profil bas et répète-toi que tu dois finir « coûte que coûte ».
Admire les moutons et les vaches sur les estives
Pense que tu es dans une zone pastorale alors jette un regard amusé aux troupeaux de moutons et aux quelques vaches. Tu pourras lire dans leur regard de précieux encouragements. Après avoir triomphé des différents lacets, dis-toi que tu vas retrouver une pente un peu moins raide jusqu’au tunnel. Petit conseil d’ami : en passant dans le tunnel, n’essaie pas de sympathiser avec les moutons ou les vaches qui ont parfois l’habitude de s’y réfugier. Et si tu commences à vouloir entamer une conversation avec l’un de ses quadrupèdes, avale tous les gels qui te reste, t’es en hypothermie. Pendant le dernier kilomètre, n’hésite pas à évoquer la descente avec ta compagne en lui adressant ce petit sourire en coin qui devrait définitivement la calmer.
T’as pas fait du Quintana mais t’y es arrivé
Une fois passé le panneau indiquant que tu viens de réussir ton pari, pense à ne plus jamais jouer au « cap ou pas cap ». Mais, vu que tu sentiras plus tes jambes, que tu seras tout rouge avec un filet de bave au menton et que tu auras le sentiment de frôler l’apoplexie, tu devrais t’en souvenir. Bon, t’as pas fait du Nairo Quintana, qui s’est imposé lors de la premier arrivée d’une étape du Tour de France au Col du Portet en 2018, mais t’y es arrivé. Fais un selfie avec ta compagne avec vue sur la station de Saint-Lary et surtout, n’oublie pas d’en faire un de sa tête en bas de la descente. Ça pourra toujours servir. Pour plus d’informations sur les conditions d’accès au Col du Portet, connecte-toi sur le site dédié au cyclo colduportet.fr ou sur celui de Saint-Lary
On retiendra donc qu’une (assez) bonne forme physique ainsi qu’une bonne dose d’humour il faut quand on se lance certains défis… Cap joliment franchi 😉
Merci pour ce moment de lecture (parfois hilarant) servi sur un petit plateau.
On en redemande.